La donne a changé question projets immobiliers au Grand-Duché : moins d’acheteurs, moins de promoteurs se lançant dans des chantiers devenus incertains faute d’investisseurs, des prix de matériaux qui ont brusquement grimpé, des coûts de main-d’œuvre boostés par les index successifs de ces deux dernières années : le géant économique qu’était le secteur de la construction jusqu’alors a bien des pieds d’argile.

Signe que les difficultés pèsent lourdement : le nombre de faillites enregistrées pour ce seul pan de l’activité luxembourgeoise a bondi de plus de 30% en un an… Creditreform indiquait dernièrement que 155 petites, moyennes ou grandes entreprises du secteur ont ainsi dû mettre la clé sous la porte en 2023.

L’actualité a ainsi égrainé les noms des premiers à tomber : Cardoso, Cenaro, Decorlux, Sopifaçades, etc. Voilà maintenant qu’il est question de licenciements chez Stugalux (on parle d’un tiers des effectifs, 75 personnels..). Le nouveau gouvernement n’a pas encore présenté de plan de secours, mais y travaille. Avec des ministres autant pressés par les organisations syndicales que patronales pour sauver ce qui peut l’être encore alors que le congé collectif d’hiver vient de cesser.

La plâtrerie recule

Du côté des entreprises, on tente aussi de faire face au marasme. Et un des premiers réflexes pour s’attirer de nouveaux marchés a consisté à jouer sur les tarifs demandés. C’est le constat fait par le Statec qui, sur les six derniers mois, note que les prix facturés n’ont augmenté “que” de + 1,2%. Soit + 6% sur un an.

Certes, certains matériaux qui avaient vu leur coût flamber sont repartis à la baisse (coffrage, acier), mais les entreprises ont tout de même dû faire face à des charges de personnels grandissantes ces derniers mois, et ont préféré rogner sur leurs marges plutôt que les répercuter à d’hypothétiques clients.

Voilà donc bien une “décélération” des prix qui s’est mise en place après des mois, des années, de hausse à tout va (+ 33% entre octobre 2020 et avril 2023).

Seulement, cet infléchissement de tendance n’a pas été aussi marqué selon les corps de métier. Quand les factures de terrassement ont gonflé de +2% en un an (moins que l’inflation), celles des marbriers ou des carreleurs ont connu des progressions bien plus fortes, respectivement + 6% et + 11%…

Du printemps à cet hiver, les tarifs dans la plâtrerie ont même reculé (-1,5%). Un recul qui n’empêche pas bien entendu le coût des constructions résidentielles de progresser mais qui participe au ralentissement de la hausse de la facture finale. Reste qu’à trop serrer ses marges, on restreint ses capacités d’investissements pour l’avenir. Alors, danger.

 

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