Protestations des uns, manifestation des autres, pétition publique (obtenant plus de 5.500 soutiens en quelques semaines) : c’est peu dire que le choix de la Ville de Luxembourg de mener la vie dure aux mendiants a suscité nombre de réactions. Et le nouveau gouvernement qui, à peine installé, n’avait cessé de soutenir cette fermeté semble avoir compris que le sujet méritait sans doute quelques assouplissements.

Ainsi, après avoir montré les muscles sécuritaires, la majorité CSV-DP adoucit son discours. Le débat public organisé dernièrement à la Chambre des députés, a donné l’occasion à la ministre de la Justice de sortir d’une impasse pro vs anti qui ne menait à rien depuis près d’un semestre. Et Elisabeth Margue d’annoncer qu’un « projet de loi sera ficelé sous peu » donnant ainsi clairement la ligne à suivre pour les agents.

Car là était bien le problème : ni les policiers (nationaux ou communaux), ni les magistrats ne disposaient de règles adaptées dans le Code pénal pour sanctionner d’éventuels quémandeurs nuisant à la tranquillité publique. Le texte envisagé désormais devra ainsi faire la part des choses entre le SDF demandant un soutien et la personne trop agressive ou objet de pression relevant de la traite d’êtres humains.

Inadaptation

Cette clarification devrait apaiser les débats et permettre à chacun à quoi s’en tenir sur une question qui, depuis le début de l’année, n’aura uniquement entraîné la verbalisation de 4 mendiants et la saisine du Tribunal administratif par deux autres… Tempête politique dans un verre d’eau en somme.

Pour Elisabeth Margue, ce focus aura au moins permis de mettre en lumière l’inadaptation des textes en vigueur sur le sort judiciaire à réserver ceux que le Code pénal qualifie encore de “vagabonds” ou “mendiants”. Une modernisation de vocabulaire s’impose et, au-delà, la ministre entend bien faire « disparaître la notion de mendicité simple afin qu’elle ne soit plus interdite ».

En attendant, à chacun de juger de la pertinence et de la pression exercée ou pas à donner une petite pièce. « Il ne faudrait pas que la fermeté dans l’air se traduise pour certains SDF par une perte de moyens de subsistance », a rappelé un parlementaire au cours du débat public.