Traiter le sujet de l’énergie d’origine nucléaire « avec moins d’idéologie » et se dire « ouvert à la technologie » . Il aura suffi de ces quelques mots de Luc Frieden pour semer le doute : le chef du Gouvernement luxembourgeois allait-il revoir la position du pays qui a toujours été farouchement contre l’emploi de l’atome ? Si l’opposition s’est vite emparée de la question, la majorité CSV-DP a hésité un temps à entrer dans le débat. La position affichée (l’énergie nucléaire de demain n’est pas la même que celle d’il y a 30 ou 40 ans), allant à contre-courant des idées défendues jusqu’alors.

Il était donc temps que le Premier ministre s’explique. Ce qu’il a fait, mercredi matin, devant des députés en affirmant qu’il continuerait bien à réclamer les fermetures de centrales nucléaires proches du Luxembourg (Cattenom côté français,  Tihange et Doel en Belgique). Une position figurant d’ailleurs dans l’Accord de coalition 2023-28.

Cependant, le Premier ministre ne souhaite pas donner de leçon à ses voisins ou aux États misant encore sur le nucléaire, notamment pour “décarboner” leur approvisionnement énergétique. Pour Luc Frieden, le Luxembourg « ne peut pas imposer son point de vue sur le nucléaire aux autres pays ». Un peu contradictoire : ferme d’un côté, tolérant de l’autre…

Dépendant à 84%

Pour le chef du gouvernement, plutôt qu’être moralisateur, le Grand-Duché doit se montrer bon élève en investissant toujours plus dans les énergies renouvelables. Du solaire, de l’éolien, de la biomasse qui, déjà pèsent 40% de l’approvisionnement énergétique du pays qui reste fortement dépendant d’apports de kilowatts étrangers (Allemagne en tête).

Reste que le Luxembourg produit de plus en plus d’électricité sur son sol via le déploiement de plus en plus d’éoliennes sur son sol, panneaux solaires, centrales hydrauliques, unité de méthanisation, etc. C’est ainsi que 16% des besoins nationaux en énergie sont actuellement couverts par ces moyens.

Luc Frieden a-t-il enterré la polémique naissante ? Pas sûr. Et même la pirouette humoristique de Lex Delles, ministre de l’Économie («Il n’est pas question de construire de centrale nucléaire à Remerschen ! » ) n’a pas réussi à décrisper certains parlementaires. Des élus pour qui la déclaration du Premier ministre a constituer un mauvais signal.



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