« C’est important pour nous d’être présents ce 27 avril face aux tours », déclare Roger Spautz, représentant de Greenpeace Luxembourg. En effet, samedi prochain se tient un rassemblement devant la centrale nucléaire de Cattenom. Un point de rendez-vous pour tous les manifestants anti-nucléaires dénonçant la politique énergétique du gouvernement français. En cause : la potentielle prolongation du parc atomique.

« Une consultation est actuellement en cours pour la prolongation de la durée de vie du réacteur n°1 de Cattenom.» En effet, l’installation “fêtera” ses 40 ans en 2026 et Greenpeace estime que le premier réacteur mis en service sur la centrale des bords de Moselle a plus que fait son temps.

« Le risque nucléaire est décuplé avec l’âge des installations, certifie Roger Spautz. Initialement, les centrales avaient été fabriquées pour une durée d’exploitation de 40 ans. Même s’il y a des aménagements, des réparations, les vieux réacteurs ne peuvent pas atteindre le niveau de sûreté des nouveaux. » L’association écologiste a d’ailleurs lancé une pétition contre cette extension.

De son côté, Jérôme Le Saint, directeur du site EDF de Cattenom, adopte une vision inverse, et à plus long terme. « Nous commençons à réfléchir pour aller encore au delà, peut-être jusqu’à 80 ans… Des réacteurs de même technologie ont reçu leur autorisation aux États-Unis d’aller jusqu’à ce terme. »

Des débats énergiques

Roger Spautz a bon espoir que le rassemblement de samedi serve à quelque chose. « Oui, les manifestations ont leur utilité au niveau politique. En France, le gouvernement de François Hollande avait pris la décision de réduire la part du nucléaire à 50% mais il y a eu du changement avec Macron, c’est dommage. Pourtant il faut accroître la part des énergies renouvelables et nous serons là pour le rappeler. »

Située à 8 kilomètres du Grand-Duché, la centrale de Cattenom inquiète encore et encore donc. « Greenpeace Luxembourg a des échanges réguliers avec le nouveau ministre de l’Énergie, Lex Delles qui souhaite aussi la fermeture de Cattenom. En ce moment, on réfléchit d’ailleurs à comment s’opposer au nucléaire avec l’Allemagne et l’Autriche. »

Le nucléaire belge suscite aussi les controverses côté Luxembourg. Les centrales de Tihange et de Doel, installées à proximité du Grand-Duché, préoccupent Roger Spautz et les siens. « Il y a eu une consultation l’an dernier pour savoir si le réacteur de Tihange à Huy allait être prolongé, déplore-t-il. La décision n’est pas encore actée. »

La manifestation anti-Cattenom de ce 27 avril ne sera pas la première et certainement pas la dernière non plus. En tout cas, côté Luxembourg, la proximité des quatre réacteurs reste un sujet franc d’opposition avec l’État français depuis un demi-siècle maintenant. C’est en effet vers 1975 que le projet de construction du site a été dévoilé par Paris… et contesté par Luxembourg !

En cas d’accident nucléaire grave sur le site de Cattenom, des substances radioactives seraient libérées et le “petit” Luxembourg, sous les vents dominants, pourrait être rayé de la carte, comme l’a démontré un récent documentaire.

En 2012, les députés luxembourgeois avaient adopté à l’unanimité une motion stipulant que Cattenom « met en péril la souveraineté et la pérennité de la nation luxembourgeoise ». « Le renforcement de l’action gouvernementale en vue de [sa] fermeture définitive » avait été demandé.

 

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