Paulo, 40 ans travaille au Luxembourg dans le secteur du BTP depuis 16 ans. Il a intégré une entreprise de parachèvement qui traite « le second œuvre ». Ses clients ? Des particuliers, des communes, des usines.

Depuis le 18 mars lorsque le Luxembourg a confirmé l’arrêt des chantiers, sept salariés avaient intégré un dispositif de chômage partiel. Responsable de la partie administrative et commerciale, Paulo a télétravaillé pour continuer à maintenir une « forme » d’activité pour préparer en amont la reprise du travail.

Samedi 18 avril, il s’est rendu à Luxembourg pour chercher les kit de protection individuelle à destination des salariés et la documentation précisant les règles de sécurité. En moins de deux jours, il a dû briefer, dans l’urgence, l’ensemble du personnel.

Les ouvriers, en première ligne

Le 20 avril, c’est avec de l’inquiétude mêlée à de l’euphorie qu’il a pu « remettre sur le chemin du travail ses façadiers, chauffagistes, carreleurs, peintres, etc… ». Petit hic : la propagation du virus n’étant pas finie au Luxembourg, Paulo a senti chez « ses gars », la peur de retourner sur les chantiers se demandant si les mesures de sécurité seraient suffisantes pour les protéger du coronavirus. « La main d’oeuvre du secteur du BTP ne doit pas servir de chair à canon. Sur le terrain, nous sommes en première ligne » assène-t-il.

Porter le masque n’est pas simple

Sa crainte a été très vite confirmée. Le respect des gestes barrières et le port du masque sur un chantier « ce n’est pas simple du tout ». Tout d’abord, pour les personnes qui portent des lunettes. « Le fait de respirer dans son masque est déjà un problème parce que la buée s’installe sur les verres. On ne voit plus rien. Les chantiers produisent une forte quantité de poussières, il faut reconnaître que très vite les ouvriers ont tendance à baisser leur masque » décrit le responsable.

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Deux mètres entre chaque ouvrier, presque impossible !

Puis, pour la distanciation sociale, les choses se compliquent. Sur un même chantier, plusieurs corps de métiers doivent se coordonner pour mener à bien un projet. « Les personnes ont dû mal à respecter les deux mètres qui les séparent. Il faut s’imaginer la vie d’un chantier où chacun se croise. Chacun tente de faire de son mieux pour protéger sa vie et celle de son collègue. C’est un casse-tête permanent » s’emploie-t-il à expliquer. Conséquence, le délai de réalisation d’une tâche est plus long.

Des contrôles sur la sécurité sont réguliers

Paulo se rend, tous les jours, sur les chantiers pour effectuer des contrôles. Il avoue sans ambages que ce n’est pas son métier et qu’il le fait pour « le bien de ses ouvriers. Quand on est dans le feu de l’action, on a tendance à oublier les consignes» évoque-t-il. Même si dans son entreprise, les règles sont désormais acquises. En revanche, ce qui l’inquiète, c’est le niveau de responsabilité qui n’est pas compris de la même manière par les autres sociétés : « On a beau faire de son mieux mais si les autres ouvriers n’appliquent pas les consignes, nous sommes toujours exposés à un réel danger ».

Si Paulo se réjouit de voir, après un mois, le bout du tunnel, malgré tout, il reste prudent : « Une deuxième vague d’épidémie serait fatale pour notre société. Nous avons tenu financièrement un mois sans argent, une autre crise sanitaire serait difficile à supporter comme l’ensemble de la profession, je pense » insiste-t-il.

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