Vingt-deux pétitions publiques mises en ligne depuis quatre ans : le télétravail reste un sujet sensible au Luxembourg. Et la dernière volée des pétitions publiées sur le site de la Chambre des députés le prouve à nouveau. Voilà qu’un nouveau texte réclame, encore, l’ « indemnisation des travailleurs sans possibilité de télétravail ». Encore, car déjà en décembre 2022 puis en mai 2023 des textes avaient proposé la tenue d’un débat public autour de ce type de prime. En vain, trop peu de signataire ayant validé l’idée.

Pour Sabrina Seyler, à l’origine de la nouvelle pétition, plusieurs motifs justifieraient pourtant pareil dédommagement. À salaire égal, celles et ceux qui ne peuvent télétravailler (ou se voient refuser cette pratique) doivent faire face à des dépenses supplémentaires. Par rapport à leurs collègues travaillant en distanciel, ils et elles doivent payer plus de frais de carburant et d’usure du véhicule. Ils et elles perdent aussi plus de temps dans les déplacements domicilie-travail.

“Compenser” financièrement permettrait aussi, selon la pétitionnaire, d’atténuer certaines tensions. En effet, dans une même entreprise, la situation entre télétravailleurs et personnels dans l’impossibilité de quitter leur poste peut entraîner de la jalousie et donc un malaise préjudiciable à l’ambiance et à la productivité parfois.

Équité et casse-tête

Dans son dernier Quality of work Index, la Chambre des salariés notait un recul de la pratique du télétravail en entreprises. Ainsi, en 2023, 29% des employés du Luxembourgeois auraient pu prester une partie de leurs heures à domicile. Une diminution après le pic des mois post-Covid.

Reste que caissières, livreurs, maçons, vendeuses, mécaniciens, soignants et des dizaines d’autres métiers n’auront jamais la possibilité de réaliser leurs missions depuis la maison. Est-il alors “juste” de les laisser sans bonus ? D’autant qu’il s’agit souvent de professions à niveau de revenu plus bas que la moyenne de la société.

Si la cause peut apparaître bonne, on peut déjà imaginer les crispations patronales. Octroyer une "indemnisation" à 71% (100-29) des salariés en activité se montrerait vite très onéreux pour les entreprises.

Par ailleurs, quid d'une éventuelle dégressivité ou d'une proportionnalité de cette "prime" en fonction des heures effectivement prestées en usine, devant les rayons, sur site, sur chantier. Joli casse-tête en perspective...

Reste que visiblement après la brusque intrusion du télétravail dans l'organisation du travail (liée aux confinements) mérite désormais d'être accommodée à une nouvelle réalité, plus ordinaire.

Les spécialistes des ressources humaines devraient se pencher sérieusement sur la question. Et cela sous peine de voir leurs équipes être victimes de crispations, rancœurs et autres maux pouvant faire chuter la productivité des équipes, voire entraîner des départs des entreprises qui ne prendraient pas garde à un équilibre à trouver entre les télétravailleurs et les autres.

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