A partir du 1er mars, les transports au Luxembourg seront gratuits. C’est le premier pays au monde à prendre une décision favorisant la mobilité pour tous.

Pour les sociétés de bus et de trains luxembourgeois, c’est une profonde réorganisation. Il aura fallu anticiper tous les changements et préparer en amont l’ensemble des salariés.

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Mylène Bianchy est présidente de Syprolux, le syndicat des cheminots luxembourgeois. Elle a été au coeur des actions menées en interne par les équipes.

Outre la réorganisation majeure, elle observe que : « L’activité professionnelle des cheminots est en pleine mutation dû à la digitalisation et à l’automatisation. Les métiers au sein des entreprises ont évolué parce que le travail n’est plus le même. » Dans la mise en oeuvre de la gratuité des transports, c’est aussi de cela dont on parle.

Plus d’un an de travail

Lesfrontaliers : comment avez-vous préparé le changement ?
Mylène Bianchy : cela fait plus d’un an que nous travaillons sur l’instauration de la gratuité des transports au Luxembourg. Ca n’a l’air de rien mais on peut parler d’un bouleversement chez les salariés. En interne, nous avons constitué un groupe de travail, qui a déployé le dispositif du gouvernement. Les équipes ont réfléchi sur l’évolution des postes et des missions de chacun. Soyons clair, l’enjeu est de taille pour le personnel.

Des métiers vont disparaître

Lesfrontaliers : quelles sont les professions qui ont dû être reclassées ?
Mylène Bianchy : je vous donne deux exemples. Au sein de la CFL, deux métiers vont disparaitre. Tous les guichets dans les gares du Grand-Duché ont été supprimés. Par conséquent, les agents de tarification ne pourront plus exercer leur travail. Nous les avons réorienté vers des tâches d’agents de réservation en ligne. Autre cas toujours, les agents d’infractions n’ont plus de rôle au sein de la CFL puisque les trains (en 2e classe seulement) sont gratuits. Il n’y a plus besoin de vérifier les titres de transports. Il a fallu les repositionner en fonction de leurs compétences, vers d’autres profils. Mais nous avons de la chance, le travail à la CFL ne manque pas notamment en production et en planification.

Des heures de pointe qui seront compliquées

Lesfrontaliers :  la 2e classe est gratuite dans les trains mais pas la 1re classe, comment ca va se passer ?
Mylène Bianchy : c’est une situation compliquée, je crois. Quand les trains sont saturés aux heures de pointe, l’espace réservé aux premières classes, qui est payant, ne peut plus être occupé de voyageurs de la 2e classe. Les trains seront bondés mais la 1re classe peut être vide de monde. C’est ubuesque mais c’est comme ça. Je pense qu’il faudra faire de la prévention à bord des trains. Nous verrons avec le temps et apporterons les améliorations nécessaires.

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“Je suis inquiète pour les frontaliers”

Lesfrontaliers : quel est votre défi pour le 1er mars ?
Mylène Bianchy : honnêtement, que tout se passe bien sur le terrain pour les clients. En ce qui concerne les trains, je suis plus inquiète pour les frontaliers. En effet, les différents chantiers de réaménagement comme la gare de Luxembourg, celle d’Ettelbruck, de Bettembourg, le retard d’adaptation du système de sécurité des trains de la SNCF…Tout ceci, mis bout à bout, peut générer des impatiences de la part des voyageurs. Je les comprends. On va tout faire pour que ça se passe bien.

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Lesfrontaliers : avez-vous planifié une date pour faire un bilan de la situation ?
Mylène Bianchy : non, pas encore. Nous allons laisser passer un peu de temps. Il serait raisonnable de faire un premier bilan d’ici l’automne, c’est ce que je vais proposer au gouvernement.

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