Si, dans un premier temps, le sujet paraissait trop sensible pour pouvoir se positionner aussi rapidement, le Premier ministre a finalement bien pris la parole sur le sujet de la vaccination obligatoire ce vendredi 8 juillet. Le gouvernement ne suivra pas l’avis des experts mais travaille néanmoins sur un projet de loi pouvant, à terme, renforcer les contraintes pour les réfractaires.

Une « plus value » trop incertaine

Dans leur second avis rendu mardi 5 juillet, les experts, qui redoutent l’arrivée d’une nouvelle vague, préconisaient une vaccination obligatoire pour les personnes âgées de 50 ans et plus (dont plus de 13 % d’entre elles ne sont pas encore vaccinées), mais aussi pour les individus majeurs présentant des facteurs de comorbidité. En revanche, ils n’estimaient pas judicieux de rendre la vaccination obligatoire pour les personnels travaillant dans les structures de santé.

Pour Xavier Bettel, qui a salué le travail de ces experts, « la question est avant tout de savoir comment peut-on arriver à un taux de 100 % de personnes vaccinées, en particulier chez les 50 ans et plus ? On ne peut pas forcer quelqu’un à se faire vacciner s’il ne le souhaite pas, c’est contraire aux droits humains ».

Le Premier ministre qui a tenu à repréciser le fondement même de la vaccination obligatoire : « Son objectif principal n’est pas de protéger un individu ou d’éradiquer un virus, mais bien d’éviter une surcharge des services de santé, en particulier les hôpitaux. Or, à ce stade, trop de facteurs doivent encore être pris en compte. C’est pour cela que la plus-value d’une telle obligation nous parait bien trop incertaine. »

Des conditions préalables à l’obligation

Si la vaccination obligatoire n’est donc plus à l’ordre du jour actuellement, le sujet est loin d’être enterré pour autant. Un projet de loi sur le sujet sera débattu à la Chambre à partir de la semaine prochaine ; l’idée étant de tout ficeler afin de n’avoir plus qu’à le voter en cas de besoin.

Avant cela, trois conditions principales seront déterminantes dans l’éventualité d’appliquer cette mesure dans quelques mois (peut-être dès l’automne si l’épidémie se montrait à nouveau menaçante). « Outre l’apparition d’un nouveau variant virulent, il faudrait également qu’un vaccin pleinement efficace contre lui soit déjà disponible et que la majorité de la population soit vaccinée avec ses trois doses, dont la dernière datant de moins de cinq mois. Alors seulement nous pourrions enclencher le processus », indique Sam Tanson, la ministre de la Justice.

Résidents, frontaliers, tous concernés ?

Se voulant le plus exhaustif possible et à la recherche du meilleur compromis, le texte du projet de loi (qui s’adresserait uniquement aux résidents) comprendrait un volet répressif avec des amendes pour les non-vaccinés. Ces derniers auraient aussi des recours pour les contester.

« Nous travaillons aussi sur un second texte de loi qui, lui, s’adresserait aux frontaliers, en particulier les personnels travaillant dans le secteur des soins », complète Paulette Lenert, la ministre de la santé. « Nous savons que le taux de vaccination est élevé chez les résidents travaillant dans les structures de santé. En revanche, nous manquons d’informations concernant les travailleurs frontaliers. C’est pour cela que nous réfléchissons à créer un registre dans lequel ces derniers devraient faire une déclaration concernant leur situation vaccinale. »

Pragmatique, Xavier Bettel reconnait que sur cette question clivante de la vaccination obligatoire, « la décision n’est pas simple à prendre car il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Notre devoir est et restera de protéger la santé des citoyens et à ce jour, nous savons qu’une personne vaccinée a concrètement 20 fois moins de chance de développer une forme grave du virus. »

Pendant ce temps, les contaminations s’emballent

Entre le 27 juin et le 3 juillet, 5 741 personnes ont été testées positives au Covid-19 au Luxembourg, contre 4 485 la semaine précédente, soit une hausse de 28 %. Dans le même temps, le taux de positivité des différents tests est resté stable (de 40,29 % à 40,43 %) tandis que le taux d’incidence a, lui, assez fortement augmenté, passant de 695 cas pour 100 000 habitants sur les sept jours précédents à 890 cas la semaine dernière.

À l’hôpital, 19 nouvelles admissions ont été enregistrées pour des patients positifs au Covid-19 (contre 13 la semaine d’avant). Par ailleurs, une seule personne se trouvait encore en soins intensifs entre le 27 juin et le 3 juillet, contre 2 sur la période précédente. Enfin, deux nouveaux décès directement liés à l’épidémie sont aussi à déplorer.

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