Les journées sont longues pour qui travaille au Grand-Duché. La Chambre des salariés (CSL) fait ses calculs et estime à désormais à 50,5 heures/semaine ce qu’elle désigne comme le “temps contraint pour raisons professionnelles“. Une durée hebdomadaire prend en compte le temps du travail lui-même et celui lié aux trajets domicile/travail. Et si cette amplitude a déjà des effets néfastes chez les salariés, la CSL reconnait que ce timing est certainement minoré par rapport à la réalité…

En effet, ces “50 h” ne tiennent pas compte des sollicitations auxquelles les personnels sont de plus en plus fréquemment soumis. Comme si le travail n’en finissait pas une fois la porte du bureau refermée, la mission prestée, l’atelier quitté ou le vestiaire refermé. « Le pire, c’est que notre enquête Quality of work Index 2023 relève que ce phénomène frappe plus les personnels travaillant déjà en horaires atypiques et fatigants -postés, de nuit…- que les autres (25 % contre 10 %), regrette la présidente de la Chambre des salariés. Signe qu’il y a encore du chemin à faire pour que le droit à la déconnexion entre bien dans les mœurs des organisations luxembourgeoises ! »

Aujourd’hui, plus d’1 salarié sur 4 (28 %) estime ainsi être « fortement sollicité ». Autrement dit que ses pauses, en journée, ou son repos hebdomadaire se voient souvent interrompus par une demande à caractère professionnelle. Ce chiffre n’était que de 19 % voilà deux ans encore.

Charge mentale, organisation, efficacité

Après avoir sondé 2.732 frontaliers et résidents, la Chambre a établi  que ce phénomène concernait tout autant les salariés en télétravail que leurs collègues prestant ordinairement dans les locaux mêmes de leur société. « On sait que le home office pose déjà des difficultés pour établir une juste work-life balance durant les heures effectives de contrat, mais si d’autres contingences viennent en étirer la pratique, cela peut devenir insupportable pour soi comme pour l’entourage », note David Büchel, psychologue du travail à la CSL.

Et au-delà même des appels, mails, SMS demandant une information, un service, le spécialiste souligne aussi « la charge mentale que peut représenter le fait de, soi-disant, devoir être joignable en toutes circonstances ». Dans cette situation, nul ne décroche plus de son job…

« Cette situation qui n'est pas viable à moyen terme. Ni pour la santé psychique du salarié, ni pour l'employeur qui se perd dans de mauvaises pratiques qui vont finir par porter préjudice à l'organisation interne et sa performance. » À méditer de la part des RH, des chefs d'équipes et autres managers.

Hélas, la préoccupation de devoir être "corvéable" 24/7 gagne du terrain parmi les personnels du Luxembourg. Si cadres et dirigeants sont les premiers concernés par ce "fil à la patte" (33%), le phénomène est aussi bien présent au sein des professions intermédiaires et personnels de services directs, commerçants et vendeurs...

 

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