L’index, Xavier Bettel sait bien ce que c’est. Depuis qu’il est Premier ministre, le chef du gouvernement en a déjà vu passer 6… et deux autres s’annoncent d’ici la fin de l’année. Mais les syndicats luxembourgeois estiment que l’élu libéral et son gouvernement négligent une donnée : « pour un salaire moyen, une tranche indiciaire de 2,5% brut représente seulement une augmentation nette de 1,75% ».

Autrement dit pour OGBL, LCGB et CGFP, il est plus que temps que le gouvernement ne se contente pas du seul déclenchement de la tranche indiciaire sur les salaires, traitements et pensions pour estimer que le pouvoir d’achat des actifs et des retraités est préservé. Il lui faut aussi réviser les barèmes d’imposition au même rythme que les index.

La revendication ne date pas d’hier, mais l’approche d’une nouvelle tripartite (3 mars) semble l’avoir ravivée. D’autant que plus d’ailleurs que février et avril vont voir la hausse systématique des salaries s’appliquer deux fois coup sur coup.

Des élections à venir

Sauf que ça coince déjà du côté de la ministre des Finances. Yuriko Backes l’a rappelé ce 20 février au micro de RTL : ce choix serait « peu responsable » et trop coûteux pour les finances publiques. Elle préfère s’appuyer sur une possible “cagnotte” de 500 millions d’euros (liée aux bon résultat 2021) pour dispenser quelques allégements d’impôts.

Une mesure repoussée par les trois syndicats qui ne voient là que des “cadeaux électoraux” faits à la veille des prochaines élections législatives.

Alors si la ministre ne veut pas revoir sa ligne, autant s’adresser directement à son “chef”, le Premier ministre. D’où cette demande commune à être reçus ensemble par Xavier Bettel pour discuter de cette indexation des barèmes d’imposition. cela afin que le point fasse pleinement partie des discussions lors de la prochaine tripartite.

Initialement décidé par la seule volonté du Premier ministre, le rendez-vous du 3 mars se voulait être plutôt une occasion l’Etat de discuter avec syndicats et patronat des mesures à conserver ou à prendre une fois les différents packs d’aides arrivés à échéance (la plupart le 31 décembre). Et donc voir comment aborder 2024 sans trop de casse alors que le Statec pronostique encore une inflation à 3,4% pour cette année, et 4,8% pour celle à venir…

Patrons et partenaires

Pas sûr donc que ce changement d’ordre du jour ne soit au goût de Xavier Bettel donc. D’autant que cette soudaine pression ne va pas l’arranger politiquement. Déjà parce que l’on voit mal le libéral désavouer sa ministre DP elle aussi.

Ensuite, quid de l’avis des autres partenaires de la coalition gouvernementale sur ce point ? Les socialistes du LSAP et les Verts de Déi greng vont peut-être trouvé là un sujet pour se démarquer de la ligne de celui qui conduit les affaires du pays depuis 2013.  Façon de bien marquer le clivage là aussi à la veille d’une campagne électorale devant déterminer le prochain Premier ministre.

Et quid de l’avis du patronat? Ecarté a priori de cette possible bipartite (Etat/syndicats) à la veille de la tripartite. L’Union des entreprises luxembourgeoises pourrait elle aussi venir avec des impératifs à imposer dans la réunion du 3 mars, et vouloir elle aussi caler un rendez-vous en tête-à-tête avec Bettel.

Les sourires de la tripartite de septembre semblent déjà bien loin…
Photo SIP / Jean-Christophe Verhaegen

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