Sur la thématique emploi c’est de loin l’annonce de la semaine et, probablement, celle du mois : en France, la RATP a prévu de recruter 6 600 personnes en Ile-de-France courant 2023, dont 4 900 en CDI.

Beaucoup plus près de chez nous, des campagnes de recrutement similaires ont également été lancées récemment dans les compagnies de transport française, luxembourgeoise et belge. Mais pour quelles raisons les choses s’emballent-elles ?

Parce qu’il manque du personnel

Personnel en stations, mécaniciens, agents de sûreté et, bien sûr, conducteurs : chaque année, mais depuis plusieurs mois en particulier, les offres d’emplois à pourvoir pour les sociétés de transport en commun sont de plus en plus nombreuses à paraître en agences et sur les sites spécialisés. Et pour cause car, dans la plupart des cas, ces sociétés manquent de personnels.

C’est le cas par exemple de Keolis Thionville-Fensch, exploitant le réseau Citéline, qui table sur 40 à 60 nouveaux recrutements en 2023. Sachant que l’entreprise emploie déjà autour de 300 salariés, cela représente tout de même près de 20 % d’augmentation des effectifs sur une seule année ! Là encore, la pénurie de conducteurs, de pompistes ou encore de mécaniciens explique ces multiples offres.

Constat similaire au Luxembourg avec le lancement par les CFL d’une vaste campagne de recrutement cette année où plus de 500 postes sont à pourvoir. Souhaitant innover, la compagnie a opté, entre autres, pour une communication vidéo baptisée « Missions that rock » à travers une dizaine de clips.

Le pourquoi d’une pénurie

Acter qu’il manque du personnel est une chose, mais encore faut-il connaître et comprendre les raisons de cette pénurie d’agents. Concernant les compagnies de transports en commun belges et françaises comme Keolis Thionville-Fensch ou le TEC en Belgique, l’une des raisons avancées est la concurrence du Luxembourg avec de meilleurs salaires pour les employés. Autour de 3 500 euros au Grand-Duché contre environ 2 500 euros au Plat Pays et 2 000 en France, difficile forcément de résister.

Outre l’aspect financier, l’autre principale raison est avant tout structurelle : avec l’encouragement des politiques publiques (et l’effort consenti par les collectivités territoriales) à développer les mobilités douces (et donc les transports en commun), peu à peu les lignes de bus, de train (et bientôt de tramway au Luxembourg) se sont multipliées dans la Grande Région.

Dans cet esprit, la Fédération luxembourgeoise des exploitants d’autocars et d’autobus (FLEAA) indiquait en novembre 2022 que sur les dernières années, les bus RGTR étaient passés de 900 à plus de 1 900 ! Et ce, même si le nombre de chauffeurs de bus avait, lui, pourtant augmenté de 3 069 en 2019 à 3 479 en 2021, dont 1 600 chauffeurs rien que pour le réseau RGTR, comme le rappelait le ministre des Transports, François Bausch, dans une réponse parlementaire à l’automne dernier.

De son côté, le Transport en commun de Wallonie (TEC) a lui aussi recruté à tour de bras ces dernières années : mécaniciens, électriciens automobiles, techniciens diagnosticiens sans oublier conducteurs, au total plus de 660 personnes ont été engagées dans toute la Wallonie en 2021 et pas moins de 600 l’an passé !

Enfin, outre la concurrence du Luxembourg et le développement des réseaux, la pénibilité de certaines missions est pointée du doigt pour expliquer les difficultés de recrutement. En effet, concentration maximale sur la conduite, gestion du stress, responsabilité de ses passagers et horaires décalés sont un cocktail qui continue, malgré tout, à refroidir plus d’un candidat…

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