Le Grand-Duc Henri aura donc de paisibles jours de règne devant lui et pourra ainsi demeurer l’unique Grand-Duc en exercice dans le monde encore longtemps.

Pourtant, tout aurait pu basculer mardi 20 décembre dernier à la Chambre, si une majorité de députés s’était prononcée en faveur de la proposition de réforme de la Constitution présentée par les deux élues déi Lenk, Nathalie Oberweis et Myriam Cecchetti.

Le Luxembourg, Grand-Duché depuis 207 ans

Abolir la monarchie, créer la « République du Luxembourg » et remplacer le Grand-Duc par un(e) président(e). Il faut reconnaître que si elle était passée, la réforme aurait, en soi, été une véritable révolution, pour ne pas dire un séisme institutionnel et politique dans le pays. Et pour cause, cela fait plus de deux siècles que le Luxembourg a été érigé en Grand-Duché ; c’était en 1815.

Reste que la question de mettre fin à la monarchie a déjà soulevé de vifs débats parmi les rangs des députés. Comme le 11 novembre 1918 par exemple quand, à l’heure où l’Europe et le monde se réjouissaient de la signature de l’Armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale, le Luxembourg, lui, était occupé à tout autre chose.

Car ce même jour, il ne s’en est fallu que d’un cheveu (en l’occurrence que de quelques voix) pour qu’une motion réclamant « la déchéance de la monarchie » ne soit adoptée. Comme nous l’expliquions dans cet article, « des députés libéraux et socialistes voulaient ainsi en finir avec la Grande-Duchesse Marie-Adélaïde, critiquée pour avoir entretenu des relations avec l’empereur allemand Guillaume II ».

Il n’en fut finalement rien et la monarchie put perdurer. Tout comme elle perdurera après ce vote contre la réforme de déi Lenk, qui prévoyait par ailleurs que la fonction de président nouvellement créée « soit occupée en alternance par un homme et une femme pour un mandat de six ans, non renouvelable ».

L’année suivante, le 28 septembre 1919, c’est cette fois la population (par le biais d’un référendum) qui était directement consultée sur la possible instauration d’une république. À 73,3 %, les Luxembourgeois refusaient cette éventualité.

La révision de la Constitution toujours en cours

Ce vote de la Chambre contre l’abolition de la monarchie n’entrave en rien le processus de révision de la Constitution qui sera entériné cette semaine. Initié il y a près de 15 ans (en 2009) par un député du CSV (Paul-Henri Meyers) qui souhaitait déjà une réforme de la monarchie, le projet d’une Constitution « actualisée » n’a cessé de prendre du retard.

Il faut dire qu’ayant été écrite en 1868, la Constitution luxembourgeoise pouvait effectivement « ne plus entièrement répondre aux réalités institutionnelles et sociétales d’aujourd’hui », comme le reconnaissait Mars Di Bartolomeo, le président de la commission parlementaire de la révision constitutionnelle au cours des travaux.

Avant de partir réveillonner en famille, les députés auront donc voté l’ensemble des réformes révisant la Constitution. Celles-ci ont été divisées en quatre parties. La première est consacrée à la justice, la deuxième aux droits et libertés et la troisième concerne la Chambre des députés et le Conseil d’État.

Enfin, la quatrième s’intéresse à l’organisation de l’État, du gouvernement, des communautés religieuses et… de la monarchie. Et s’il est bien question que le Luxembourg reste un Grand-Duché à l’avenir, on y apprend toutefois que la Constitution, version 2022, prévoit désormais la possible révocation du Grand-Duc par la Chambre.

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