Au début, il a pris cela comme un jeu. Il est vrai que c’est une « devinette » que lançait l’eurodéputée Manon Aubry à Xavier Bettel. Mais rapidement, le Premier ministre a compris que l’élue française ne voulait pas s’amuser en interpellant le Premier ministre luxembourgeois du haut du pupitre du Parlement européen de Strasbourg.

La question posée semblait pourtant anodine. En résumé : « Devinez ce qu’ont en commun Tiger Woods, Brad Pitt, Shakira, la famille Hermès ou Bernard Arnault ? » Mais le chef du gouvernement n’a guère eu le temps de réfléchir à sa réponse avant que la parlementaire n’enchaîne : « Tous ont une étonnante passion pour votre pays ! » Un coup de cœur plutôt financier que touristique…

Car si les célébrités en question ne sont guère visibles sur les rives de la Moselle ou les sentiers du Mullerthal, les sociétés écrans qui gérant leurs intérêt, elles, seraient bel et bien actives au Luxembourg. Et Manon Aubry de tacler alors le Grand-Duché comme Etat continuant à « favoriser l’évasion fiscale à grande échelle ».

Marine avant Manon

L’élue n’ayant pas la langue dans sa poche, la voilà donc qui parle de « vol en bande organisée », de « casse du siècle», estimant que le Luxembourg contribue par certaines pratiques à vider les caisses sociales des Etats plus vertueux. Et de joindre le geste à la parole en affichant sous les yeux de Xavier Bettel une photo du 6, rue Eugène Ruppert « bâtiment ordinaire qui abrite 1.810 entreprises (…) de simples boites aux lettres ».

La critique n’est pas nouvelle, compris au sein du Parlement européen. Et, malicieusement, Xavier Bettel ne s’est pas privé de le rappeler. « Sauf qu’il y a quelques années, l’attaque venait de l’autre extrême… de Marine Le Pen. » De l’extrême droite à l’extrême gauche du spectre électoral donc. Voilà pour le retour de bâton !

Plus sérieusement, le Premier ministre luxembourgeois a tenu à laver l’honneur de son pays. « Nous participons aux efforts internationaux de réforme fiscale, a-t-il ainsi rappelé. Le Luxembourg fait partie de la solution au problème de l’évasion fiscale et de la planification fiscale agressive ».

Par courrier

Ainsi par exemple, le Grand-Duché et sa Place financière suivent-elles les recommandations de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Que ce soit sur l’impôt sur les sociétés (avec une taxation minimum effective de 15%) et une réaffectation des droits d’imposition.

Des signes de bonne volontés qui, petit à petit, redore le blason du pays souvent associé à des pratiques fiscales très opportunistes pour attirer des capitaux. Mais Manon Aubry aura tout le temps d’apprécier l’argumentaire de son interlocuteur. En effet, absente lors de la réponse du Premier, Xavier Bettel a promis de lui adresser son texte par écrit. Après tout Manon Aubry a, elle aussi, une boite aux lettres.

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