A 53 ans, Hervé, habitant dans la région de Metz, est opérateur spécialisé dans le laminage d’aluminium. Voilà 21 ans maintenant qu’il travaille au Luxembourg, de jour comme de nuit, la semaine comme les week-ends. Un rythme qui demande d’énormes sacrifices.

« Des enfants qu’on ne voit pas grandir »

Au Grand-Duché, il n’y a pas que des bureaux. Hervé travaille dans l’industrie en poste continu : « Entendez par cela deux matins (6h/14h), deux après-midis (14h/22h) et trois nuits (22h/6h) suivis de 48h de repos ». Travailler trois week-ends sur quatre, le force à faire de nombreux sacrifices : « Des enfants qu’on ne voit pas grandir, des fêtes de famille manquées, une fatigue qui s’accumule d’année en année ». Ces éléments réunis ont aussi eu raison de son couple puisqu’il est divorcé depuis maintenant 2 ans et demi.

Et son poste lui-même n’a rien d’une sinécure, en tant qu’opérateur spécialisé dans le laminage d’aluminium, il est confronté à de nombreux risques inhérents au secteur industriel : « Les dangers sont permanents, le passage des chariots élévateurs, les ponts roulants… ». Aussi, Hervé précise qu’à son poste, en particulier, les risques d’incendie sont très importants, puisqu’il doit quotidiennement utiliser des lubrifiants comme le Kérosène.

Toutefois, Hervé ne regrette rien, le « confort de la famille » passe avant tout. « Bien sûr que j’ai dû faire des sacrifices, faire une croix sur mes week-ends, mais c’est un choix à faire pour que ma famille ne manque de rien. Avoir un revenu qui permet d’emmener mes enfants en vacances tous les ans, acheter une maison, vivre sans crainte de ne pouvoir boucler la fin du mois… ». Ce sont là, les « objectifs d’une dure vie de travail ». Le Mosellan ne peut s’empêcher d’espérer « que [ses] enfants s’en rappelleront plus tard ».

48.000 € par an avec les primes

Avec ses primes, Hervé gagne 48.000€ bruts pas an, soit environ 4.000€ par mois, sans aucun autre avantage. Il est conscient que son emploi luxembourgeois est plus intéressant qu’un poste en France, puisque le quinquagénaire y a travaillé pendant 17 ans.

Il ne rencontre pratiquement pas de Luxembourgeois à son travail, les seuls qu’il côtoie occupent des postes d’encadrement. Rares sont les « Luxembourgeois de souche » à être au même grade que lui. Aussi, dans le domaine de la production, il ne ressent pas l’utilité de parler luxembourgeois et considère que seuls les commerciaux doivent en avoir réellement besoin.

Avec des horaires hors normes, il évite les bouchons

Le travail en poste continu présente tout de même un avantage, selon Hervé, ses horaires «  permettent d’éviter les bouchons et autres ralentissements sur l’A31 aux heures de pointe ». Une situation appréciable quand on connaît le périple quotidien des frontaliers pour aller travailler. Cependant, il constate que «  depuis quelque temps maintenant, le trafic commence à s’intensifier dès 5h30 du matin ». Pour se rendre au Luxembourg et diminuer ses frais de transport, il a opté pour le covoiturage avec un collègue. Il estime à 600€ son budget de carburant annuel pour 80 km (aller-retour) par jour.

Hervé devrait être en retraite d’ici 4 ans : « En espérant avoir la santé, je devrais normalement être en pré-retraite à 57 ans, c’est bien mérité quand on travaille en moyenne 174h par mois, sans RTT pour compenser » nous explique-t-il. Le Luxembourg pourrait alors clore définitivement son parcours professionnel.