« Largement insuffisante » : l’analyse de l’Observatoire de l’habitat luxembourgeois sur l’offre actuel en logements abordables est sans appel. Sauf qu’à ce constat qui ne date pas d’aujourd’hui vient s’ajouter un nouveau problème : les besoins, eux, bondissent.

Combien sont-ils de foyers à avoir fait la démarche auprès d’un bailleur privé ou public pour trouver une location “dans leurs moyens” ? Pour l’instant, aucun chiffre ne sort. La mise en place prochaine d’un Registre national des logements abordables (rassemblant l’ensemble des biens ainsi catégorisés) permettra d’y voir plus clair.

Pour l’Observatoire, ce sera même là un outil utile non seulement pour quantifier l’offre, la demande, mais aussi avoir une vue sur les besoins exprimés (ville, superficie, montant du loyer, etc) mais aussi des durées de traitement des dossiers.

Un profil-type des demandeurs

Une chose est sûre : avec 4.117 logements abordables en mains publiques et “X” gérés par des particuliers, des sociétés ou des asbl à vocation sociale, un effort est nécessaire pour une partie de plus en plus importante de Luxembourgeois.

Des habitants du Grand-Duché qui, à défaut de trouver un logis correspondant à leurs moyens se voient de plus en plus contraints de partir dans les pays limitrophes pour y vivre. Ou, pire, sont expulsés de leur location.

Dernièrement, l’Observatoire de l’habitat a pu dresser un profil-type des demandeurs. Pour cela, il s’est basé sur les fichiers du Fonds du logement, un des opérateurs publics en matière d’habitat abordable. Un Fond dont les cas à traiter ont grimpé de 3.800 à 5.500 en seulement trois ans. Soit une progression de la demande de 45 % en seulement trois ans…

A étudier cette progression, on ne peut donc que s’inquiéter qu’au Luxembourg « l’exclusion des ménages les plus précaires du marché privé s’aggrave », notent en premier lieu les analystes. Et de constater que la détérioration de l’accès au logement avait notamment pour conséquence des requêtes moins pressantes de la part des candidats.

Ainsi, quand en 2021 encore, figuraient dans 37% des dossiers une préférence résidentielle (type de logement, situation géographique, etc), aujourd’hui ces “exigences” ne figurent plus que dans 28% des dossiers enregistrés au Fonds du Logement. Pas question de restreindre ses possibilités quand si peu de logements peuvent être proposées.

Une charge insupportable

Par ailleurs, il apparait qu’à elles seules trois catégories sociales constituent les trois quarts des dossiers déposés : les personnes seules (35 %), les familles monoparentales (22 %) et les familles nombreuses (16 %). Ces dernières étant celles qui restent le plus longtemps en liste d’attente.

Dans près de 45% des situations, c’est parce qu’ils résident dans un logement qui n’est plus adapté à leur situation (nombre d’individus dans le foyer, place, salaire, etc) que les candidats-locataires postulent. Des prétendants qui, dans 4 cas sur 10, dépensent déjà plus de 30% de leur revenu net disponible dans leur habitation. Une charge insupportable à moyen terme.

Le constat est posé, connu, reste à agir en conséquence pour le prochain gouvernement luxembourgeois qui sortira des urnes en fin d’année.

 

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