Une formation de secouriste et en prévention d’incendie en poche, fort d’une spécialisation en dressage canin, Jérôme opte d’emblée pour le Grand-Duché, conscient « de la chance d’être frontalier ».

Au terme d’un CDD de six mois, il glane un CDI au sein d’une institution européenne. Depuis quatre ans, son molosse en laisse, alternant les tournées, il veille à l’inviolabilité de l’enceinte.

« Le monde de la sécurité est un peu à part, confesse l’intéressé, le stress est prégnant à longueur de postes ». Ceux-ci confèrent un rythme qui s’avère parfois difficile à tenir, même pour un jeune travailleur atteignant le quart de siècle. « Et c’est sans compter sur les heures supplémentaires peu réglementées. Je plafonne certaines semaines à cinquante voire soixante heures ». En cause selon l’agent, un fonctionnement à la limite de l’anarchie. « En France, la profession est beaucoup plus encadrée, beaucoup plus stricte, même si la tendance s’inverse doucement ici », poursuit Jérôme.

Pourquoi s’astreindre à ces contraintes ? « C’est simple, j’oscille plus ou moins aux alentours des 2500 euros net. Chez nous, la somme est divisée par deux ». En outre, du fait d’un planning qui ne s’enchevêtre pas avec les horaires conventionnels, le cynophile n’affronte, si ce n’est qu’à de rares occasions, jamais les embouteillages monstres, bête noire des usagers. Trente minutes tout au plus le séparent du domicile. « Il est clair que cet aspect pèse dans la balance ».

« Pas d’incidence sur ma vie de famille »

Bien dans des chaussures de sécurité, le Mosellan couve néanmoins une esquisse de dessein : cumuler vingt ans d’activité pour s’assurer une retraite plus conséquente. D’autant que les difficultés reconnues de son activité lui octroieront un complément d’indemnités « Tant que je suis jeune et que cela n’a pas d’incidence sur ma vie de famille, je me constitue un matelas, explique-t-il, mais à terme, je songe à bifurquer de branche et à, retraverser la frontière ».

Un aller non définitif encouragé par une ambiance qu’il juge quelquefois délétère. En contact fréquent avec les autres employés de l’établissement, Jérôme déplore l’hostilité des locaux envers les Français. « Personnellement, je le perçois en permanence. Au début, c’était dur, j’avais envie de répliquer ». Même s’il ne met pas tout le monde dans le même sac, il cumule les anecdotes. « Un jour, une mère expliquait à son fils en pointant du doigt mon collègue : “tu vois si tu ne travailles pas suffisamment à l’école, c’est ce que tu feras plus tard” ». En attendant un éventuel retour au pays, Jérôme lui-même, à ce jour, ne sait pas ce qu’il fera plus tard.

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